BlackRock, la multinationale
américaine spécialisée dans la spéculation
et la gestion d'actifs, régit désormais l’équivalent
du PIB (produit intérieur brut : valeur totale de la
production de richesse à l'intérieur d'un territoire)
additionné de la Grande-Bretagne, de la France et de
l’Allemagne. Un dérisoire magot de 8680 milliards de
dollars... ça jongle lourd ! Ce sont donc 1200 milliards
de plus pour la pandémique année 2020. Juste pour
situer l’truc : en 2019, le PIB de la Belgique était de
473,1 milliards d’euros... Et nous là-dedans ?
L’austérité, un futur AIP (accord
inter-professionnel) squelettique, des luttes bâillonnées
et confinées, l’exploitation accrue des salarié.e.s,
l’exacerbation de la concurrence, le renforcement de
l’autoritarisme du capital et de l’État, la
dégressivité du montant des allocations sociales,...
Avec
la formation du capital financier, la richesse sociale se concentre
de plus en plus entre les mains du petit groupe des monopolistes
ultra-puissants. L’oligarchie financière règne
sans partage sur l’économie des pays et se subordonne
l’État bourgeois et lui dicte sa loi. Tout est lié.
Et même si ça flanque la colique aux conformistes de
tout crin, on termine par ce petit brodage de E. Armand: « Être
anarchiste c’est nier l’autorité et rejeter son
corollaire économique : l’exploitation. Et cela dans
tous les domaines où s’exerce l’activité
humaine. L’anarchiste veut vivre sans dieux ni maîtres ;
sans patrons ni directeurs (...) »
Pas
mieux, compagnon !
Banlieue
rouge, Groupe Ici & Maintenant (Fédération
anarchiste)
Nous
avons trop de respect pour les gens du cirque. Aussi nous
défendrons-nous de comparer les artistes qui se produisent
sous les chapiteaux avec une poignée d’animateurs télé
ou radio pathétiques et dérisoires, qui s’enferment
dans un cube de verre, ou avec ces messieurs-dames qui, aux commandes
de l’état, cautionnent voire collaborent avec
complaisance à ce spectacle pitoyable.
Quand
il s’agit de se donner en spectacle, au moins les gens du
cirque y font-ils montre de leur dignité : celle d’hommes
et de femmes qui accomplissent des prouesses et procurent du
divertissement grâce à leur travail et à leur
talent. Viva for life, rien de tel. Le charity show dans toute sa
médiocrité. Et d’abord, ce show est un business.
La collecte de fonds, certes, ne profite pas directement aux
organisateurs de cette supercherie. Mais il ne faut pas perdre de vue
que l’opération est avant tout promotionnelle. Faire de
l’audience, grâce à l’attrape-gogos du
bazar, et du pèze à la clé, grâce aux
revenus réalisés sur la publicité des
annonceurs.
Sur
le fond du problème, que penser ? Sur base du constat de
la misère, la solution consiste-t-elle à s’enfermer
dans un studio de verre et de relever des défis, en
n’ingurgitant aucun aliment solide pendant une semaine ?
Et à profiter de la petite notoriété de quelques
divas de l’audiovisuel, en faisant passer ces gavés pour
des héros ?
Il
est insupportable qu’un enfant sur quatre vive dans la pauvreté
en Belgique, aujourd’hui. Qui peut nier cela ? Mais il
nous apparaît, à nous anarchiste, encore plus
insupportable de voiler les causes structurelles de la pauvreté.
Ces causes sont connues : inégalités de la
distribution des richesses, inégalités sociales qui se
répercutent à l’école, au travail, dans
l’accès à la santé et à la culture.
L’exploitation, c’est la racine du mal. En fait, la
collecte de fonds de l’opération promotionnelle Viva for
life cautionne cette exploitation, en validant l’idée
que les citoyens nantis peuvent augmenter leur autosatisfaction en
donnant de l’argent qui servira de palliatif aux inégalités,
et de dérivatif aux perdants et aux exclus du système.
Les
bons sentiments ne peuvent pas se substituer à une réelle
prise de conscience sociale et politique. S’attaquer aux causes
de la pauvreté, rien d’autre ne nous paraît aussi
urgent, à nous autres anarchistes.
Et
l’État dans toute cette mascarade ? Il continue de
jouer son rôle, à droite comme à gauche. Les
premiers poursuivent de manière décomplexée leur
travail de sape contre les acquis sociaux, qu’il faudrait
appeler les conquis sociaux, tant ils sont le fruit des luttes
prolétaires contre les détenteurs de l’outil et
du capital. Conquis
sociaux, toutefois,
fait
référence à la conquête. Or
en
matière de droit sociaux, il ne s'agit pas d'une conquête,
d'une invasion, mais d'une reconquête partielle de ce qui est
juste et qu'il faut préserver. Ce
sont donc ces droits
sociaux qu’il
convient de sauvegarder. Quant à
la gauche, elle se contente depuis longtemps de limiter les dégâts,
en portant le front de la résistance sur des luttes
sociétales, sans ambition de transformer une société
inégalitaire en société sans classe. L’État
se frotte les mains, dans les coulisses : un jour, pas si
lointain, nous pourrons réduire les dépenses de
l’État, puisque des amuseurs publics se chargent d’aller
ponctionner le flouze directement dans la poche même des gens.
Et l’impôt, les rentrées, pourront servir à
l’entretien sans vergogne des inégalités et du
capital.
On
va peut-être s’entendre dire : et vous, les
anarchistes, vous faites
quoi, pour les gens ? Pour
les anarchistes, la charité n'est pas la solution. La manière
dont les anarchistes agissent dans cette société qu'ils
et elles veulent changer est une autre chose.
En tout cas, si nous nous enfermions
dans un cube de verre, ce ne serait pas pour ramasser les miettes du
capital et en faire don à la chiourme, histoire de nous faire
passer pour des bienfaiteurs de l’humanité. Nous en
profiterions pour appeler à une société sans
classe, sans état, débarrassée de
l’asservissement salariale. Nous exigerions, dans un premier
temps, en tout cas, la revalorisation de la sécurité
sociale, en attendant d’en faire, comme tous les secteurs de
l’activité humaine, un organe autogéré.
Parce que nous ne
pensons pas
qu’il
faut faire
quelque chose
pour
les gens, à la place des gens.
Nous avons la conviction que c’est d’abord aux gens,
c’est-à-dire aux prolétaires, travailleurs et
travailleuses, avec ou sans emploi, de prendre l’initiative et
de faire quelque chose pour eux-mêmes, pour elles-mêmes.
Nous
n’allons pas qualifier l’opération Viva for life,
et la collaboration tacite de l’État qui se frotte les
pognes, de grand cirque médiatico-promotionnel, par respect
pour les clowns, les trapézistes, les acrobates et les
jongleurs qui exercent un vrai métier. On hésite sur le
terme de mascarade, car toute allusion au port du masque provoque de
plus en plus de réactions épidermiques... Nous aurons
donc recours au seul terme qui puisse désigner cette
supercherie : celui d’imposture.
Groupe
Ici & Maintenant (Belgique) de la Fédération
anarchiste
Décembre 2020
Le
groupe Ici & Maintenant (Belgique) de la Fédération
Anarchiste tient à réagir à l'édition du
baromètre socio-économique 2020 récemment
publiée par la FGTB (Fédération générale
du travail de Belgique, organisation syndicale membre de la
Confédération européenne des syndicats). Durant
ces dernières années, les pleins aux as sont devenus de
plus en plus riches.
Les
10% de Belges les plus friqués possèdent :
91,7%
des droits de propriété totaux
83,8%
de toutes les obligations
78,7%
des actions cotées en Bourse
60%
des fonds de placements
Les
gouvernements successifs ont pris des mesures féroces et
vachardes contre les
prolétaires
pour rendre « la Belgique plus compétitive sur les
marchés internationaux ».
Ils
ont distribué des cadeaux aux entreprises, tels que des
réductions des cotisations de sécurité sociale
et de l'impôt sur le revenu des sociétés.
Ils
ont imposé des mesures qui ont filé des torgnoles à
la répartition des richesses: sauts d'index, diminution des
marges salariales (en plus de l'indexation), augmentation des impôts
indirects (TVA,...), des droits d'accises et des prix des services et
des services publics, contournement du paiement du salaire garanti…
T'as
comme l'impression de te faire truander… !
Les
mesures de soutien Covid 19 ? Pactole pour les pleins aux as !
11,7
milliards d'euros sont revenus aux entreprises et aux indépendants.
Ceci
indépendamment des 52 milliards tirés des systèmes
de garanties (garanties bancaires) octroyés par les pouvoirs
fédéraux et régionaux.
3,4
milliards d'euros reviendront aux ménages en 2020. Sans tenir
compte du chômage temporaire, le soutien au pouvoir d'achat se
chiffre à un maigre 1,1 milliard d'euros.
Nous,
anarchistes, ne sommes pas
étonné·e·s
par le constat !
La
production capitaliste a pour but le profit. La bourgeoisie, classe
qui détient les moyens de production et exploitant le travail
salarié, ne songe qu'à ramasser du fric et à
extorquer la plus-value.
Nous
n'avons aucune confiance envers les gouvernements et l’État,
ces machines destinées à maintenir la domination d'une
classe sur une autre. La vocation principale de l’État
bourgeois est de réprimer les adversaires de classe afin de
consolider la domination économique et politique de la
minorité exploiteuse, de défendre la propriété
privée et le régime d'exploitation.
La
FA s'en tiendra à ses principes de base: « Nous devons
faire en sorte que les classes sociales exploitées accèdent
à la capacité politique nécessaire à leur
émancipation. Ce sont les classes exploitées qui
réaliseront la société anarchiste, car les
exploiteurs ne se laisseront jamais déposséder et
emploieront toutes leurs forces, même brutales, contre
l'émancipation des travailleurs ».
L'usine européenne Mactac
/ groupe Bemis a été implantée à Soignies
(Belgique) en 1967. Durant plusieurs décennies, Le nombre du
personnel oscille entre 300 et 700 personnes. Durant les années
1990/2000, on compte quelques dizaines de licenciements. Néanmoins,
les ouvriers & les militants syndicaux engagent quelques
batailles afin d'obtenir de nouveaux droits et quelques conquêtes
intéressantes.
• 2014,
Bemis revend à Platinum Equity, un fonds d'investissement
privé basé en Californie, l'usine sonégienne
Mactac. Le montant s'élève à 170 millions
de dollars.
• Avril 2015, Platinium
Equity annonce un plan de licenciements. 175 emplois sont perdus.
fermeture complète de la filiale de Genk.
• 2016, Avery Dennison
(30.000 salarié(e)s dans plus de 50 pays) annonce un
accord définitif visant à acquérir les activités
européennes de Mactac auprès de Platinum Equity pour un
prix d'achat de 200 millions d'euros , en ce compris les dettes
opérationnelles et sociales.
• 2018, gros coup de promo
dans la presse, On parle même de renaissance, de miracle!
Le site de Soignies devient en termes d'emplois la plus grosse
unité européenne du groupe américain Avery
Dennison, avec à la clé, la « création »
de quelque 250 emplois....
Une armée de CDD font
leur entrée. Pression, stress, chantage à l'emploi sont
leur quotidien. Les accidents de travail montent en flèche...
Dans le même temps, on
engage à Soignies et on délocalise en Allemagne !
En fait c'est un transfert de production : Avery
Dennison va fermer son usine située à Schwelmer dans
laquelle travaillent 400 personnes. Dehors ! Circulez, y a rien
à voir !
• 2019, Rodange
au Luxembourg, le 2 octobre, Avery Dennison inaugure
l'extension de son site de production clôturant ainsi un projet
de 65 millions de dollars visant à renforcer son
implantation industrielle en Europe. Cet investissement est l'une des
plus importantes initiatives opérationnelles d'Avery Dennison
de ces dernières années...
Comme une impression..
• Juin 2020, la direction
annonce la réduction de capacité à
Soignies, environ 220 emplois seraient affectés dont
approximativement 135 contrats à durée déterminée...
Pourtant les sommes avancées
dans les communications de la multinationale filent le vertige :
- résultat du premier
trimestre 2020: les ventes nettes sont de 1, 72 milliard de
dollars
- le chiffre d'affaires était
de 7, 1 milliards de dollars pour l'année 2019
En mars, dans les usines, les
grandes surfaces ou les hôpitaux, nous étions des
héroïnes et héros. On bossait pendant la crise
Covid19. Avec courage, nous faisions tourner la société
ou nous nous occupions des autres. En juin, juste des
travailleurs kleenex, dommages collatéraux insignifiants de la
gestion libérale, des délocalisations et de la guerre
entre monopoles capitalistes.
Ces consortiums et cartels sont
des ententes ou groupements de capitalistes qui se constituent à
partir d'un niveau élevé de concentration de la
production et du capital. Sur le plan économique, la
domination des monopoles se traduit par l'obtention de superprofits.
L'activité des monopoles,
des multinationales, entraîne l'aggravation de toutes les
contradictions du capitalisme, notamment entre le caractère
social de la production et la forme capitaliste privée de
l'appropriation des richesses et des résultats du travail.
Ça va souvent à
l'encontre des intérêts des pays où ils opèrent
et a pour conséquence une intensification de l'exploitation
des travailleuses et travailleurs. Non ?