« La
lutte contre l’extrémisme fait partie de notre ADN…
Namur est un territoire de mémoire, membre du réseau,
une ville solidaire et hospitalière, raison pour laquelle il
nous faut combattre toutes les idéologies extrêmes !
Qu’elles soient d’extrême-droite, bien-sûr,
mais aussi d’extrême-gauche anarchiste, qu’il
s’agisse de fondamentalisme religieux, d’exaltation du
complotisme, de désobéissance civile à tout va,
ou encore l’intégrisme environnementaliste tel que l’on
a pu parfois l’observer avec des gens qui se collent à
des œuvres d’art, et cetera... »
Maxime
Prévôt, bourgmestre de Namur, parti « Les
Engagés », conseil communal du 21 mars 2023
Au
départ de cette tirade pantalonnesque, il y a une affaire
assez sérieuse. En effet, depuis quelques semaines, les
imposteurs du parti d’extrême-droite « Chez
Nous » se sont employés à tenter de se taper
l’incruste dans plusieurs villes de Wallonie : Gilly,
Namur, Cuesmes… A chaque fois, ils ont bénéficié
de l’accueil qu’ils méritaient : un comité
de réception composé de toutes celles et ceux qui ont
en horreur les idées haineuses et violentes de
l’extrême-droite était rassemblé. Pas de
fachos dans nos quartiers, dans nos rues, dans nos villes ! Ce
bel élan de tous·tes les antifascistes, organisé·e·s
ou non, de toutes les régions a permis de dégager à
chaque fois les pitres du parti « Chez Nous »
[tout comme, récemment encore, du côté de Ciney,
le 16 avril dernier, les baudruches gonflées au gaz
ultra-réactionnaire de l’organisation « Civitas »].
Forte
de cette impulsion, la ville de Charleroi a adopté une motion
la déclarant « ville anti-fasciste »,
tandis qu’une telle motion était déposée
par le collectif Namur Anti Fasciste au Conseil Communal de la Ville
de Namur le 21 mars dernier. Le grand mamamouchi de Prévopolis,
Maximus 1er a pris tout le monde de cours avec une tirade
d’une affligeante mauvaise foi et pour tout dire, d’une
grande bêtise. Mauvaise foi ou malhonnêteté
intellectuelle ? Ou méconnaissance crasse de la
complexité politique des mouvements sociaux, environnementaux
ou religieux ? Une chose est sûre : des comme ça,
même au comptoir du Café du Commerce, on ne les osait
plus depuis belles lurettes !…
Au-delà
des lieux communs consternants, on peut tout de même se
questionner sur une manière de communiquer aussi déplorable,
annonciatrice d’une possible dérive sécuritaire.
Ah bah oui, suppose un peu : tous les extrêmes se
rejoignent et se valent, à en croire le roitelet bâtisseur
de la capitale de la Wallonie. Allez, dans la même fournée
« l’extrême-gauche anarchiste » et
les « fondamentalismes religieux » qui déjà,
non seulement n’ont aucun rapport entre eux, mais n’en
ont pas d’avantage avec l’extrême-droite. Allez,
c’est ma tournée, semble s’exalter notre petit
baronnet local, j’ajoute dans le même sac « l’exaltation
du complotisme » et « la désobéissance
civile… à tout va »… « A
tout va »… On croit rêver, n’est-ce
pas, en entendant un maïeur s’exprimer comme un pâle
pilier de bistro maniant une verve populiste plus ou moins avinée…
Pour un peu, on y verrait le pendant, dans un autre registre, d’un
« tout ça, c’est magouille et compagnie ! »
Enfin,
un petit dernier pour la route, le calife namurois place une dernière
petite pique vers « l’intégrisme
environnementaliste », comme on l’a vu, se sent-il
obliger de préciser. Encore de la désobéissance
civile à tout va, sans doute !…
Pas
besoin d’avoir fait science-po pour souligner combien cette
confusion de diverses tendances et mouvances – sociales,
politiques, écologistes, religieuses (on ne sait pas trop dans
quelle catégorie classer l’exaltation du complotisme…)
- se fonde sur de l’approximation, des raccourcis et, encore
plus probablement, un opportunisme électoraliste censé
rassurer la bonne citoyenne, le bon citoyen. Tout va bien, bonnes
gens, votre administration veille sur vous, on ne laissera pas des
marginaux faire la loi… !
Il
va de soi que pour nous, anarchistes, les hasardeuses affirmations du
maïeur namurois sont non seulement périlleuses, mais
encore elles sont insultantes. Pour sûr, on nous ressortira
peut-être la vieille tarte à la crème des
« attentats anarchistes » (Ravachol, Vaillant,
etc.) ou des « illégalistes » (ah la
« bande à Bonnot »!) pour souligner la
dangerosité du mouvement libertaire. Pour authentique que
soient ces faits, nous n’avons pas le sentiment d’avoir
la moindre affinité avec les fondamentalismes religieux ni
avec l’exaltation complotiste. Ces deux tendances font
systématiquement référence à des
autorités et gourous plus ou moins autoproclamés. Les
anarchistes invitent hommes et femmes à s’en passer
résolument. Il n’y a en outre rien de comparable entre
des faits de violence imputés aux anarchistes (il y a plus de
cent ans…) et la violence criminelle des fanatiques religieux.
Quant aux mouvances complotistes, aucune tendance politique, aucune
couche sociale n’est épargnée par sa contagion.
Le mouvement anarchiste a pour sa part régulièrement
appelé à se méfier de ces mouvances presque
systématiquement animées par des idéologies
ultra-réactionnaires, ultra-conservatrices et, pour tout dire,
fascisantes.
Par
ailleurs, le fait que les anarchistes aient depuis toujours été
de fervent·e·s partisan·e·s de l’écologie
ne fait pour autant d’eux ni d’elles des intégristes
environnementalistes. En revanche, il est vrai de dire que nous,
anarchistes, ne refusons pas de nous associer à des
manifestations de désobéissance civile, y compris s’il
s’agit de protection de l’environnement, dès lors
qu’il s’agit de favoriser une société
respectueuse de l’humain et de la nature.
Enfin,
last but not least, nous, groupe Ici & Maintenant,
récusons catégoriquement cette affirmation péremptoire
plaçant sur un même pied l’extrême-droite et
l’anarchisme. D’une part parce que cela montre une
méconnaissance profonde des réalités et de la
complexité des différents courants du mouvement
libertaire. Pour autant, aucun « méfait »
attribuable à des anarchistes ne peut venir concurrencer les
atrocités commises au nom de l’idéologie
d’extrême-droite sous tous ses avatars, depuis les
exterminations de masse jusqu’aux lynchages et aux ratonnades.
D’autre part, les anarchistes ont toujours été
parmi les premiers et les premières à se mettre en
danger quand il a fallu, par le passé, et encore aujourd’hui,
s’opposer aux affidés des partis fascistes, et lutter
contre les replis identitaires, les réflexes réactionnaires,
la xénophobie, le culte du chef, de l’autorité et
de la nation, l’appel à la violence, l’homophobie,
les visions passéistes du statut des femmes, etc.
Il
faudrait sans doute passer sous silence les universités
populaires, les bourses du travail, les associations syndicales, les
mutuelles, les sociétés coopératives, les
établissements pionniers de la pédagogie active et
bienveillante, les œuvres de solidarité internationales,
etc. s’il fallait à tout prix s’assurer de la
violence dont « l’extrémisme anarchiste »
est porteur… Rappelons enfin que résister à
l’oppression ne relève pas de la violence. C’est
un devoir. Et c’est ce devoir que, de tout temps, les
anarchistes ont eu à coeur d’accomplir, contre toutes
les formes d’exploitation, qu’elles soient fascistes ou
capitalistes.
Alphonse
d’Enletas
groupe Ici & Maintenant (Belgique) de la
Fédération anarchiste
La contestation des mesures
sanitaires pour lutter contre le Covid draine du monde. Du monde
parfois venu de différents pays d’Europe, comme ce
dimanche 23 janvier à Bruxelles. Les motivations pour battre
le pavé sont multiples et hétéroclites. Et bien
évidemment, nombreux sont les observateurs qui cherchent à
mieux appréhender « Qui sont ces gens ? ».
Ainsi Bruno Frère, sociologue à l’ULiège,
offre une analyse reprise pour la seconde fois dans les colonnes du
Soir de ce lundi 23 janvier (et précédemment sur la
matinale de la radio La Première). Le chercheur distingue en
effet deux groupes d’individus dans ces rassemblements :
« Des anarchistes individualistes qui viennent affirmer
leur liberté individuelle, à placer au-dessus de tout,
sans que se pose la question du collectif et qui sont contre toute
forme de mesure restrictive ou de contrôle. Et des anarchistes
collectivistes typiquement issus des mouvements associatifs. Ils sont
très critiques à l’égard d’un État
jugé bureaucratique mais tiennent à l’idée
de faire société : il s’agit de veiller à
protéger les libertés collectives et les libertés
d’autrui » [Le Soir, lundi 24 janvier 2021].
À lire cette courte
analyse, on pourrait imaginer Bruxelles parsemée de
barricades, des drapeaux noirs ou rouges arborant fièrement un
A cerclé, certains quartiers fonctionnant déjà
en autogestion et des entreprises aux mains des travailleurs.
Pourtant, il s’agit
d’une foule bigarrée. Y sont présents aussi des
groupes nationalistes, des franges de la droite radicale et des
collectifs aux convictions réactionnaires. Les uns protestent
contre la dictature sanitaire, les autres réclament leur
liberté, beaucoup critiquent la vaccination et la société
du contrôle, certains s’en prennent au Big Pharma devenu
l’archétype capitaliste, plusieurs condamnent le port du
masque…
Pourquoi dès lors
apposer à ce mouvement l’étiquette
« anarchiste »?
La contestation reprend ça
et là certains mots d’ordre libertaires comme la
critique des gouvernements, la défense de la liberté ou
la défiance envers le capitalisme. Pourtant, nous, membres du
Groupe belge « Ici et Maintenant » de la
Fédération anarchiste, ne nous retrouvons pas dans ces
mouvements qui sont loin de représenter une manifestation de
l’anarchisme. Car l’anarchisme ne s’arrête
pas au rejet de l’État, à l’abolition du
capitalisme ou à la défense de la liberté.
L’anarchisme est avant tout une proposition, un objectif de
société visant à construire des rapports
égalitaires débarrassés de l’oppression,
quelle qu’elle soit. Parce que l’État et
l’organisation capitaliste du travail créent la
domination et l’inégalité, l’anarchisme
cherche à mettre en place une organisation sociale débarrassée
des structures du pouvoir en promouvant l’implication de
chacun.e dans les processus de décision et de création.
Quant à la liberté, « être libre »
c’est pour nous rejeter tout autoritarisme. Mais c’est
aussi, en corollaire, tenir compte de l’effet de ses actes sur
le collectif. C’est la différence entre le courant dit
« libertarien » et l’anarchie. Être
libre, c’est agir en citoyen, faire en permanence un effort
rigoureux d’information, sortir aussi du côté
binaire de la pensée actuelle.
Loin d’être une
critique radicale sans perspective, l’anarchisme se veut avant
tout un projet social égalitaire où chaque individu a
l’opportunité de participer activement à la
gestion publique par l’appropriation collective des centres de
décisions et de production économique. L’anarchisme
est un horizon social à atteindre par la mise en place
concrète de méthodes autonomes et égalitaires.
Dès lors, si les
mouvements de contestation des mesures sanitaires sont en effet le
reflet multiple d’un ras-le-bol populaire, ils nous semblent
pourtant encore bien loin d’une proposition anarchiste de la
société. C’est en cela que pour nous, ces
rassemblements n’ont rien d’anarchistes. Mais comme Bruno
Frère, nous pouvons toujours nous mettre à rêver.
« Ici et
Maintenant », groupe belge de la Fédération
anarchiste
La réussite des mobilisations contre les mesures sanitaires
sont sans aucun doute facilitées par une couverture médiatique
importante (à la différence de ce qui se passe lors des
grèves des prolétaires et des luttes syndicales ) et
par le fait qu’on présente ce mouvement comme
l’expression du mécontentement des « gens normaux
», de « monsieur et madame tout le monde », du «
peuple ».
Au-dessus des
classes aussi. L’exploitation capitaliste n’est pas
pointée du doigt. Et pourtant c’est bien l’État
qui est entre les mains de la classe dominante (les capitalistes, la
bourgeoisie). Sa fonction principale est de maintenir l'ordre établi
grâce à ses infrastructures et son organisation
économique de la société (mode de production,
division en classes sociales, domination, aliénation,
salariat, télévisions, médias, religions, lois…)
On appelle la police
à rejoindre les rangs des mécontent.e.s… En
oubliant que le rôle essentiel de la police, sa raison d'être,
est un rôle politique. Elle existe pour défendre la
propriété et l'ordre des capitalistes. En lisant
certaines déclarations, on a l’impression que les
actrices et acteurs de ce mouvement découvrent qu’ils
vivent dans un système capitaliste avec ses crises cycliques
et son autoritarisme !
Bien évidemment,
nous rejetons les mots d’ordres ambigus et farfelus :
introduction d’une puce, 5G, complot judéo-maçonnique,
éradication de l’humanité, satanisme… Le
doute et le soupçon relèvent d’une démarche
intellectuelle saine et nécessaire. Mais quand elle s’exerce
à tout va, elle profite à des formes d’irrationalisme
toujours porteuses d’une vision autoritaire et conservatrice de
la société. Le grand fantasme du réseau
pédophile mondial figure à cet égard le recours
à une pseudo incarnation du Mal, et la manière dont la
sacralisation de l’enfant participe au discours de ces
mouvances (la vaccination des enfants, victimes innocentes des
« blouses blanches ») relève d’une
mystique irrationaliste déconnectée de la réalité.
C’est à une forme de délire paranoïaque de
groupe que l’on est confronté dans le contexte de ces
manifestations. Le capitalisme n’est pas un grand Moloch Baal
dévoreur d’enfants. C’est un système
d’exploitation, avec ses oppresseurs et ses opprimés.
C’est un modèle économique doté de
dispositifs de contrôle et de surveillance. Historiquement
construit, il peut être socialement renversé. La lutte
contre ce système ne passe pas par le refus de la vaccination
obligatoire mais par la conscience de classe.
Pour faire face à
des difficultés et des crises économiques toujours plus
graves, le capitalisme n’a pas d’autre ressource que
d’accroître sa pression sur celles et ceux qui bossent
(et qui produisent réellement les richesses), de démanteler
les amortisseurs sociaux et reprendre les avantages qu’il avait
concédés dans les périodes fastes (les 30
glorieuses par ex.) pour maintenir la paix sociale : assurer ou
rétablir les profits implique l’accroissement de
l’exploitation capitaliste avec comme conséquence et
condition d’accélérer l’oppression sociale
sous toutes ses formes. La crise sanitaire et les tensions inhérentes
au virus est une aubaine : salaires bloqués,
surexploitation, autoritarisme, allongement de l’âge de
la « prépension », cadeaux fiscaux pour les
riches, aides aux patrons (chômage covid, droit passerelle,..),
attaques antisyndicales,…
Il n’est pas
rare de voir le drapeau national ou les bannières
régionalistes flotter dans les manifs. Liberté !
démocratie ! Que ça gueule. La croyance en une
démocratie idéale et les illusions d’une lutte «
populaire », qui pourrait faire reculer le gouvernement sont
typiques de ce genre de mouvement confusionniste et apolitique,
incapable de comprendre que la plus démocratique des
démocraties n’est jamais autre chose que le masque de la
loi du profit et du Capital. Un tel mouvement de contestation
interclassiste attire inévitablement les forces de
l’extrême-droite (comme en Allemagne, en Italie, aux
USA,..)
Les médias
autoproclamés « libres » (en quémandant
continuellement du fric ou en touchant des subventions) et ses
vedettes « reporters-citoyens » ne mouftent pas en
présence des fascistes. Les stars du net comptent les clics et
la caillasse, empilent les vues... pour le rejet de l’extrême-droite,
on verra plus tard…
Ceux-ci ont
d’ailleurs partagé l’estrade avec Sarkis Simonjan,
qui, d’après le Front Antifa liégeois, est un «
chrétien orthodoxe intégriste (anti-avortement etc.)
grand fan des théories du complot : satanistes tueurs de bébés
dans les hautes sphères du pouvoir, le covid n’existe
pas c’est un complot des « mondialistes » (sic)
afin de pucer la population via les vaccins, etc. ».
Avec Escada (ex-FNB)
et les cathos-fachos de Civitas ou Sarah Melis, une proche de Schild
& Vrienden.
Avec David Bouillon,
ancien colistier de Georges Louis Bouchez et ex-soutien de la liste
islamophobe Destexhe ou Cristian-Vasile Terheş député
roumain (droite conservatrice chrétienne) cortégé
par les homophobes de l’Alliance pour l'Unité des
Roumains/AUR.
Ils ont donc battu
le pavé bruxellois avec des démagogues du net en quête
de notoriété, de médiocres charlatans issus des
réseaux sociaux, des sectes nazies, des groupuscules
conservateurs et les reliquats fascistes échappés des
poubelles de l’histoire…
Henri Golan &
Julienne Delhez-Gume
Groupe Ici &
Maintenant de la Fédération anarchiste
Ce 25 mai 2021, la Marche des
Migrant·e·s appelait à un rassemblement
symbolique à La Louvière en mémoire de Mawda, de
toutes celles et ceux qui ont trouvé la mort sur le chemin de
l’exil et aussi pour revendiquer une autre politique
migratoire.
Le
collectif propose également à la Ville de dédicacer
un espace au nom de Mawda Shawri. Et nous étions bien loin des
braillements racistes des « gens bien » et de la
ségrégation, acceptée et théorisée
en Europe, de millions de travailleuses et travailleurs d’origine
étrangère. On pensait à ces malheureux·ses
abandonné·e·s à la noyade ou laissé·e·s
dans des embarcations en pleine Méditerranée, on
pensait à ces millions de sans-papiers exploité·e·s
dans les champs, les arrière-boutiques, les hôtels, les
chantiers-usines. Et aux autres, emprisonné·e·s
dans des « centres » ou des camps de concentration en
Libye, en Turquie ou en Grèce.
Car
pour nous, anarchistes et internationalistes, les salarié·e·s
du monde entier ont les mêmes intérêts, vivent les
mêmes galères. Au-delà de toute différence
de langue, couleur de la peau, religion, nationalité, ils sont
unis par leur condition de prolétaires, c’est à
dire par l’appartenance à une seule classe. Une classe
qui produit, à elle seule, toute les richesses sociales et qui
est opprimée et exploitée par les bourgeoisies de tous
les pays.
Alors
oui, nous affirmons que le capitalisme, c’est la guerre !
La recherche de la puissance économique, la course au pognon,
la folie des bénéfices poussent à la
confrontation des États impérialistes. La guerre, c’est
la lutte pour le partage de la plus-value mondiale, produite par les
travailleuses et les travailleurs. Du pétrole ici, du gaz
là-bas, une main-d’œuvre quasiment gratos de ce
côté-ci, là de l’uranium...
Ce
chaos impitoyable, créé par les pleins aux as et leur
système, est cruel pour les populations. D’après
les Nations-Unies, plus de 70 millions de personnes fuient «
les conflits, les guerres, les persécutions » (1). Les
grandes puissances impérialistes se livrent bataille sur notre
dos. Alors, va falloir accepter nos frères et sœurs de
misère ! Rejeter les bêtises proclamées et
aboyées par les racistes, les souverainistes, les nazillons et
les xénophobes ! C’est le principe de classe qui
nous anime : nous sommes sûrs qu’avec elles et eux,
notre classe sera plus solide dans sa lutte contre la bourgeoisie.
Jean
Passe et Demeyer, Ici & Maintenant, groupe belge de La Fédération
Anarchiste
(1)
Dans le chaos mondial de l’impérialisme, Comités
Internationalistes, 2019
Un truc qui revient tout le
temps, c’est la crasse. Tu peux passer ton temps à
astiquer, nettoyer, frotter, la crasse finit toujours par refaire son
apparition. Souvent ça commence dans les coins sombres, les
recoins bien cachés, les sales petits coins… Pendant un
temps, tu te dis que ça y est, c’est propret, et pour
longtemps. Parce que tu passes pas ton temps le nez dans les sales
petits recoins.
Puis
tout à coup, ça y est, tu la vois. La crasse a fait son
retour, bien visible, plus dans les sales petits coins, mais au grand
jour. Elle commence à se nicher un peu partout. Elle essaye
même de te convaincre et de convaincre son monde que la crasse,
en fait, c’est le comble de la propreté.
La
crasse porte un nom, elle porte cent noms, elle en porte tant que ça
finit par entraîner des confusions. La crasse fait tout ce
qu’il faut pour qu’on se trompe, pour faire croire que
son combat, c’est celui des pauvres gens, des exclus du
système. Elle s’arrange pour devenir l’imposture
suprême, en essayant de contaminer avec ses sales pattes le
trésor des luttes sociales. Elle te dit, la crasse, que les
politicards, c’est tous des vendus. Que le système est
pourri. Elle te fait miroiter qu’il faut leur faire payer et
qu’elle se propose de leur présenter l’addition.
Mais au final, elle ne cherchera rien d’autre qu’à
prendre leur place et à devenir les nouveaux pourris du
système. Intimidations, violences, passages à tabac…
Elle dénonce même la violence policière pour
mieux parler de dictature, alors que la crasse, ce qu’elle
veut, c’est établir la sienne de dictature. Le règne
de la crasse.
Alors
nous, on pense que dans certains cas, un bon coup de brosse est
nécessaire. Pour ce faire, on a opté pour une action
unitaire antifa avec des camarades communistes, à Roux, sur la
pierre commémorant le massacre d’ouvriers et
d’ouvrières, en 1886, sur laquelle la crasse avait
essayé de se déposer. Ouais, tu as bien lu. Nation a
couvert de gerbe le monument de Roux, au nom des prétendues
« valeurs sociales » les poussant, comme ils
disent, à commémorer le 1er mai. Or tu le
sais, le 1er mai représente un moment qui
appartient à la lutte sociale. Il ne suffit pas d’arborer
un drapeau rouge et noir pour devenir subitement le héraut de
la cause ouvrière. La crasse reste la crasse. Des facho
restent des fachos.
Ils
sont suprémacistes blancs, ils sont l’extrême-droite.
Ils s’appellent Nation, Génération identitaire,
ou qu’importe le nom sous lequel ils officient, qu’ils
s’infiltrent dans les rangs même des mouvements radicaux
populaires, ou qu’ils jouent la carte de la respectabilité
parlementaire… Ce n’est pas eux qui incarnent la mémoire
des luttes sociales. Ils ne l’incarneront jamais. Ils ne seront
jamais que les nervis d’un pouvoir ultra autoritaire.
Pour
nous anarchistes, le pouvoir ne doit pas être conquis, il doit
être détruit. Notre nation, c’est le monde. Notre
loi, c’est la liberté. Vive l’anarchie !
Groupe
Ici & Maintenant (Belgique) de la Fédération
anarchiste