Ici et maintenant

Groupe belge de la Fédération anarchiste

Maxime Prévôt paye sa tournée au Café du Commerce

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« La lutte contre l’extrémisme fait partie de notre ADN… Namur est un territoire de mémoire, membre du réseau, une ville solidaire et hospitalière, raison pour laquelle il nous faut combattre toutes les idéologies extrêmes ! Qu’elles soient d’extrême-droite, bien-sûr, mais aussi d’extrême-gauche anarchiste, qu’il s’agisse de fondamentalisme religieux, d’exaltation du complotisme, de désobéissance civile à tout va, ou encore l’intégrisme environnementaliste tel que l’on a pu parfois l’observer avec des gens qui se collent à des œuvres d’art, et cetera... »

Maxime Prévôt, bourgmestre de Namur, parti « Les Engagés », conseil communal du 21 mars 2023

https://www.youtube.com/watch?v=CTCO70NYynU&t=1633s (voir à 25’50’’)

Au départ de cette tirade pantalonnesque, il y a une affaire assez sérieuse. En effet, depuis quelques semaines, les imposteurs du parti d’extrême-droite « Chez Nous » se sont employés à tenter de se taper l’incruste dans plusieurs villes de Wallonie : Gilly, Namur, Cuesmes… A chaque fois, ils ont bénéficié de l’accueil qu’ils méritaient : un comité de réception composé de toutes celles et ceux qui ont en horreur les idées haineuses et violentes de l’extrême-droite était rassemblé. Pas de fachos dans nos quartiers, dans nos rues, dans nos villes ! Ce bel élan de tous·tes les antifascistes, organisé·e·s ou non, de toutes les régions a permis de dégager à chaque fois les pitres du parti « Chez Nous » [tout comme, récemment encore, du côté de Ciney, le 16 avril dernier, les baudruches gonflées au gaz ultra-réactionnaire de l’organisation « Civitas »].

Forte de cette impulsion, la ville de Charleroi a adopté une motion la déclarant « ville anti-fasciste », tandis qu’une telle motion était déposée par le collectif Namur Anti Fasciste au Conseil Communal de la Ville de Namur le 21 mars dernier. Le grand mamamouchi de Prévopolis, Maximus 1er a pris tout le monde de cours avec une tirade d’une affligeante mauvaise foi et pour tout dire, d’une grande bêtise. Mauvaise foi ou malhonnêteté intellectuelle ? Ou méconnaissance crasse de la complexité politique des mouvements sociaux, environnementaux ou religieux ? Une chose est sûre : des comme ça, même au comptoir du Café du Commerce, on ne les osait plus depuis belle lurette !…

Au-delà des lieux communs consternants, on peut tout de même se questionner sur une manière de communiquer aussi déplorable, annonciatrice d’une possible dérive sécuritaire. Ah bah oui, suppose un peu : tous les extrêmes se rejoignent et se valent, à en croire le roitelet bâtisseur de la capitale de la Wallonie. Allez, dans la même fournée « l’extrême-gauche anarchiste » et les « fondamentalismes religieux » qui déjà, non seulement n’ont aucun rapport entre eux, mais n’en ont pas d’avantage avec l’extrême-droite. Allez, c’est ma tournée, semble s’exalter notre petit baronnet local, j’ajoute dans le même sac « l’exaltation du complotisme » et « la désobéissance civile… à tout va »… « A tout va »… On croit rêver, n’est-ce pas, en entendant un maïeur s’exprimer comme un pâle pilier de bistro maniant une verve populiste plus ou moins avinée… Pour un peu, on y verrait le pendant, dans un autre registre, d’un « tout ça, c’est magouille et compagnie ! »

Enfin, un petit dernier pour la route, le calife namurois place une dernière petite pique vers « l’intégrisme environnementaliste », comme on l’a vu, se sent-il obliger de préciser. Encore de la désobéissance civile à tout va, sans doute !…

Pas besoin d’avoir fait science-po pour souligner combien cette confusion de diverses tendances et mouvances – sociales, politiques, écologistes, religieuses (on ne sait pas trop dans quelle catégorie classer l’exaltation du complotisme…) - se fonde sur de l’approximation, des raccourcis et, encore plus probablement, un opportunisme électoraliste censé rassurer la bonne citoyenne, le bon citoyen. Tout va bien, bonnes gens, votre administration veille sur vous, on ne laissera pas des marginaux faire la loi… !

Il va de soi que pour nous, anarchistes, les hasardeuses affirmations du maïeur namurois sont non seulement périlleuses, mais encore elles sont insultantes. Pour sûr, on nous ressortira peut-être la vieille tarte à la crème des « attentats anarchistes » (Ravachol, Vaillant, etc.) ou des « illégalistes » (ah la « bande à Bonnot »!) pour souligner la dangerosité du mouvement libertaire. Pour authentique que soient ces faits, nous n’avons pas le sentiment d’avoir la moindre affinité avec les fondamentalismes religieux ni avec l’exaltation complotiste. Ces deux tendances font systématiquement référence à des autorités et gourous plus ou moins autoproclamés. Les anarchistes invitent hommes et femmes à s’en passer résolument. Il n’y a en outre rien de comparable entre des faits de violence imputés aux anarchistes (il y a plus de cent ans…) et la violence criminelle des fanatiques religieux. Quant aux mouvances complotistes, aucune tendance politique, aucune couche sociale n’est épargnée par sa contagion. Le mouvement anarchiste a pour sa part régulièrement appelé à se méfier de ces mouvances presque systématiquement animées par des idéologies ultra-réactionnaires, ultra-conservatrices et, pour tout dire, fascisantes.

Par ailleurs, le fait que les anarchistes aient depuis toujours été de fervent·e·s partisan·e·s de l’écologie ne fait pour autant d’eux ni d’elles des intégristes environnementalistes. En revanche, il est vrai de dire que nous, anarchistes, ne refusons pas de nous associer à des manifestations de désobéissance civile, y compris s’il s’agit de protection de l’environnement, dès lors qu’il s’agit de favoriser une société respectueuse de l’humain et de la nature.

Enfin, last but not least, nous, groupe Ici & Maintenant, récusons catégoriquement cette affirmation péremptoire plaçant sur un même pied l’extrême-droite et l’anarchisme. D’une part parce que cela montre une méconnaissance profonde des réalités et de la complexité des différents courants du mouvement libertaire. Pour autant, aucun « méfait » attribuable à des anarchistes ne peut venir concurrencer les atrocités commises au nom de l’idéologie d’extrême-droite sous tous ses avatars, depuis les exterminations de masse jusqu’aux lynchages et aux ratonnades. D’autre part, les anarchistes ont toujours été parmi les premiers et les premières à se mettre en danger quand il a fallu, par le passé, et encore aujourd’hui, s’opposer aux affidés des partis fascistes, et lutter contre les replis identitaires, les réflexes réactionnaires, la xénophobie, le culte du chef, de l’autorité et de la nation, l’appel à la violence, l’homophobie, les visions passéistes du statut des femmes, etc.

Il faudrait sans doute passer sous silence les universités populaires, les bourses du travail, les associations syndicales, les mutuelles, les sociétés coopératives, les établissements pionniers de la pédagogie active et bienveillante, les œuvres de solidarité internationales, etc. s’il fallait à tout prix s’assurer de la violence dont « l’extrémisme anarchiste » est porteur… Rappelons enfin que résister à l’oppression ne relève pas de la violence. C’est un devoir. Et c’est ce devoir que, de tout temps, les anarchistes ont eu à coeur d’accomplir, contre toutes les formes d’exploitation, qu’elles soient fascistes ou capitalistes.

Alphonse d’Enletas
groupe Ici & Maintenant (Belgique) de la Fédération anarchiste




Rencontres Elisée Reclus : ça passe ou ça CAL...e !

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On nous souffle dans l'oreillette que les imposteurs de service du Centre d'Action Laïque, organisation avérée maltraitante à plusieurs reprises envers ses employé·e·s, incarnation du militantisme subsidié, petit-bourgeois et social traître, lance une série de rencontres baptisées « Rencontres Élisée Reclus ».

On dira ce qu'on voudra, y a pas de copyright sur le nom du célèbre géographe, auteur de la Nouvelle Géographie Universelle (en 19 volumes), ancien de la Commune de Paris, anarchiste convaincu. Mais tout de même, ça fait un peu bisquer !... Pour une association qui bénéficie de subsides de l’État, on imagine que ça doit faire un brin canaille de se placer sous le patronage d'un savant engagé, à la réputation sulfureuse, en son temps. Tant son neveu Paul que son frère Elie et lui-même furent soupçonnés par la flicaille et la bonne société bourgeoise d’avoir encouragé l’anarchiste Vaillant à lancer une bombe dans le Palais Bourbon, le 9 décembre 1893.

Pour autant, qu'on le sache ou non, Reclus n'avait pas été le bienvenu, en 1894, lorsqu'il avait été question de lui offrir la chaire de géographie de l'ULB... A tel point qu'une sécession d'étudiants et d'une poignée d'enseignants avait donné lieu à la création d'une institution rivale, l'Université Nouvelle.

Pour le coup, le CAL, organisation fossile et dinosauresque, semble subitement trouver judicieux de s'emparer de la thématique de la lutte contre les atteintes à l'environnement. On imagine d'ici les grisonnants des CA bavouiller sentencieusement que « ça intéresse les jeunes » et l'une ou l'un deux, de se rappeler que tonton Reclus aujourd'hui n'épouvante plus, puisque même France Culture l'intitule désormais « précurseur de l'écologie »... !

Bref, Élisée Reclus se retourne-t-il dans sa sépulture du cimetière d'Ixelles en apprenant qu'on donne son nom à une série de rencontres se tenant sous les auspices d'une institution qui continue de se braquer contre le port du voile par des femmes adultes (en référence notamment à la tierce opposition contre l’ordonnance du tribunal du travail condamnant la Stib pour discrimination à l’embauche à l’égard d’une femme portant le voile). Tout en prônant une multiculturalité universaliste à la papa, fleurant bon son paternalisme post-colonial…

C’est aussi au CAL (régionale de Namur) qu’on a vu une direction maltraitante lever la main sur une ouvrière, exercer une autorité despotique sur une équipe contrainte de s’écraser sous la menace et l’intimidation. Ces faits sont tout à fait avérés. Certes l’individu, un certain Fabrice Jamar, a été invité à quitter ses fonctions après coup, suite à la mobilisation unanime des salarié·e·s. Des sanctions ? Aucune. Mieux : on a vu peu de temps après ces faits bien connus ledit individu présenter une « conférence » à la Maison de la Laïcité de Namur… ! Au CAL, on copine, on se protège… mais pas les larbins, bien entendu. Et puisqu’on n’en est pas à une farce près, ce petit tyran, affidé du parti socialiste, s’avère avoir commis, avec l’aide de deux complices, une vague brochure intitulée… « Graine de coach, l’attitude coach pour tous »… ! On pourrait en rire si ce n’était emblématique de ce que peut occasionner le clientélisme sordide de toutes les cliques réformistes.

C’est cette même régionale du CAL qui, récemment, a licencié une employée parce qu’elle n’était pas en mesure de répondre, eu égard à sa situation familiale (deux enfants en très bas âge), aux exigences de la direction, à savoir passer plusieurs journées et nuits d’affilée en stage résidentiel durant plus d’une semaine. Tiens, tiens… Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes, dit le poète… Et qui parle de féminisme conserve souvent les pires travers du patriarcat, à ce qu’il semble. Pourtant, au CAL, on se prétend résolument féministe… Seulement voilà, il ne suffit pas d’avoir pour présidente une femme pour abolir le patriarcat et ses dispositifs les plus sournois : il faut aussi que les actes suivent !

Bon… qu’on se rassure ! C’est pas parce qu’on tire à boulets rouges (et noirs!) sur une association progressiste (ou, en tout cas, intitulée telle) que nous allons subitement cirer des pompes du côté du Centre Jean Gol !… Entre deux maux, nous hésitons toujours à choisir le moindre. Nous, anarchistes, préférons rappeler que d’autres voies existent que celles du moindre mal. Ces voies sont celles que des penseurs comme Élisée Reclus, Pierre Kropotkine et Emma Goldman recommandaient pour établir les bases d’une société juste, d’égales et d’égaux. Explorer ces voies demeure notre priorité aujourd’hui. Pas besoin de s’autoproclamer Cercle Elisée Reclus, ou Groupe Kropotkine pour cela. Juste œuvrer, modestement, à favoriser l’avènement de la révolution sociale, ici et maintenant.

Alphonse d’Enletas
groupe Ici & Maintenant (Belgique) de la Fédération anarchiste



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