Tu veux rire un peu ? Commençons avec du factuel, relevé
dans la presse qui donne des nouvelles du monde financier (Les Échos
– lesechos.fr) : « Alors que des pans entiers
de l'économie mondiale sont menacés par les
restrictions d'activité pour lutter contre la pandémie,
les milliardaires sont toujours plus nombreux et les montants si
élevés qu'ils deviennent difficiles à
appréhender. » En moyenne, les milliardaires ont vu
leur fortune bondir de 14 % cette année en Europe, de
25 % en Amérique du Nord et de près de 50 %
en Asie.
Année de
merde, 2020 ? On a vu les gogos se souhaiter la bonne année
en faisant le bras d’honneur à l’année
écoulée, et que 2021, ça sera mieux. En fait, ça
ne sera pas mieux, peut-être pas pire, parce que rien ne
change, en fait, si on considère l’histoire récente.
Y a des industriels qui sont sortis richissimes de la seconde guerre
mondiale, même en étant dans le camp des vaincus. Quand
y a du mou dans la société, y a toujours des petits
malins qui tirent les marrons du feu et qui en profitent. Et tu sais
quoi, le truc marrant ? T’en fais pas partie ! Alors
oui, ça fait un brin tartir de voir que des grosses fortunes
gonflent encore un peu plus quand toi, eh bien toi, déjà
avant tu galérais, mais ça va pas s’arranger. Ton
patrimoine est pas composé d’actifs cotés,
suppose un peu. Les Bourses mondiales sont euphoriques, mais les
centres culturels demeurent fermés, les théâtres,
les cafés, les restos. Cherche un peu l’erreur. Et toi,
tu bosses. Ou tu pointes.
Nous on sait que
t’as un peu de mal pour payer ton loyer, que t’as envie
de chialer lorsque tu reçois l’invitation à payer
l’assurance de ta bagnole. Que tu galères pour trouver
un taf décent. Ou que t’as l’impression de te
faire bolosser dès que tu découvres le montant de ta
facture de gaz-élec... Et pourtant, pour la première
fois dans l'histoire du monde, cinq personnes possèdent des
fortunes personnelles d'au moins 100 milliards de dollars !
Rien ne change, on a
dit. Les riches deviennent plus riches. La nouveauté, c’est
qu’ils deviennent tellement riches qu’ils finissent
eux-mêmes par trouver cela étrange (sur Twitter,
l'entrepreneur Elon Musk a réagi à l'annonce de la
nouvelle qu’il était l’homme le plus riche du
monde par un commentaire laconique : « Tellement
étrange »). Étrange,
oui, que ça se passe, que ça se produise, quand toi et
d’autres avez du mal avec les fins de mois et qu’on vous
dit : « Vous z’avez qu’à... »
On
n’a qu’à, oui… Et on va
y penser
sérieusement.
Nous
avons trop de respect pour les gens du cirque. Aussi nous
défendrons-nous de comparer les artistes qui se produisent
sous les chapiteaux avec une poignée d’animateurs télé
ou radio pathétiques et dérisoires, qui s’enferment
dans un cube de verre, ou avec ces messieurs-dames qui, aux commandes
de l’état, cautionnent voire collaborent avec
complaisance à ce spectacle pitoyable.
Quand
il s’agit de se donner en spectacle, au moins les gens du
cirque y font-ils montre de leur dignité : celle d’hommes
et de femmes qui accomplissent des prouesses et procurent du
divertissement grâce à leur travail et à leur
talent. Viva for life, rien de tel. Le charity show dans toute sa
médiocrité. Et d’abord, ce show est un business.
La collecte de fonds, certes, ne profite pas directement aux
organisateurs de cette supercherie. Mais il ne faut pas perdre de vue
que l’opération est avant tout promotionnelle. Faire de
l’audience, grâce à l’attrape-gogos du
bazar, et du pèze à la clé, grâce aux
revenus réalisés sur la publicité des
annonceurs.
Sur
le fond du problème, que penser ? Sur base du constat de
la misère, la solution consiste-t-elle à s’enfermer
dans un studio de verre et de relever des défis, en
n’ingurgitant aucun aliment solide pendant une semaine ?
Et à profiter de la petite notoriété de quelques
divas de l’audiovisuel, en faisant passer ces gavés pour
des héros ?
Il
est insupportable qu’un enfant sur quatre vive dans la pauvreté
en Belgique, aujourd’hui. Qui peut nier cela ? Mais il
nous apparaît, à nous anarchiste, encore plus
insupportable de voiler les causes structurelles de la pauvreté.
Ces causes sont connues : inégalités de la
distribution des richesses, inégalités sociales qui se
répercutent à l’école, au travail, dans
l’accès à la santé et à la culture.
L’exploitation, c’est la racine du mal. En fait, la
collecte de fonds de l’opération promotionnelle Viva for
life cautionne cette exploitation, en validant l’idée
que les citoyens nantis peuvent augmenter leur autosatisfaction en
donnant de l’argent qui servira de palliatif aux inégalités,
et de dérivatif aux perdants et aux exclus du système.
Les
bons sentiments ne peuvent pas se substituer à une réelle
prise de conscience sociale et politique. S’attaquer aux causes
de la pauvreté, rien d’autre ne nous paraît aussi
urgent, à nous autres anarchistes.
Et
l’État dans toute cette mascarade ? Il continue de
jouer son rôle, à droite comme à gauche. Les
premiers poursuivent de manière décomplexée leur
travail de sape contre les acquis sociaux, qu’il faudrait
appeler les conquis sociaux, tant ils sont le fruit des luttes
prolétaires contre les détenteurs de l’outil et
du capital. Conquis
sociaux, toutefois,
fait
référence à la conquête. Or
en
matière de droit sociaux, il ne s'agit pas d'une conquête,
d'une invasion, mais d'une reconquête partielle de ce qui est
juste et qu'il faut préserver. Ce
sont donc ces droits
sociaux qu’il
convient de sauvegarder. Quant à
la gauche, elle se contente depuis longtemps de limiter les dégâts,
en portant le front de la résistance sur des luttes
sociétales, sans ambition de transformer une société
inégalitaire en société sans classe. L’État
se frotte les mains, dans les coulisses : un jour, pas si
lointain, nous pourrons réduire les dépenses de
l’État, puisque des amuseurs publics se chargent d’aller
ponctionner le flouze directement dans la poche même des gens.
Et l’impôt, les rentrées, pourront servir à
l’entretien sans vergogne des inégalités et du
capital.
On
va peut-être s’entendre dire : et vous, les
anarchistes, vous faites
quoi, pour les gens ? Pour
les anarchistes, la charité n'est pas la solution. La manière
dont les anarchistes agissent dans cette société qu'ils
et elles veulent changer est une autre chose.
En tout cas, si nous nous enfermions
dans un cube de verre, ce ne serait pas pour ramasser les miettes du
capital et en faire don à la chiourme, histoire de nous faire
passer pour des bienfaiteurs de l’humanité. Nous en
profiterions pour appeler à une société sans
classe, sans état, débarrassée de
l’asservissement salariale. Nous exigerions, dans un premier
temps, en tout cas, la revalorisation de la sécurité
sociale, en attendant d’en faire, comme tous les secteurs de
l’activité humaine, un organe autogéré.
Parce que nous ne
pensons pas
qu’il
faut faire
quelque chose
pour
les gens, à la place des gens.
Nous avons la conviction que c’est d’abord aux gens,
c’est-à-dire aux prolétaires, travailleurs et
travailleuses, avec ou sans emploi, de prendre l’initiative et
de faire quelque chose pour eux-mêmes, pour elles-mêmes.
Nous
n’allons pas qualifier l’opération Viva for life,
et la collaboration tacite de l’État qui se frotte les
pognes, de grand cirque médiatico-promotionnel, par respect
pour les clowns, les trapézistes, les acrobates et les
jongleurs qui exercent un vrai métier. On hésite sur le
terme de mascarade, car toute allusion au port du masque provoque de
plus en plus de réactions épidermiques... Nous aurons
donc recours au seul terme qui puisse désigner cette
supercherie : celui d’imposture.
Groupe
Ici & Maintenant (Belgique) de la Fédération
anarchiste
Décembre 2020
Le
groupe Ici & Maintenant (Belgique) de la Fédération
Anarchiste tient à réagir à l'édition du
baromètre socio-économique 2020 récemment
publiée par la FGTB (Fédération générale
du travail de Belgique, organisation syndicale membre de la
Confédération européenne des syndicats).
Durant
ces dernières années, les pleins aux as sont devenus de
plus en plus riches.
Les
10% de Belges les plus friqués possèdent :
91,7%
des droits de propriété totaux
83,8%
de toutes les obligations
78,7%
des actions cotées en Bourse
60%
des fonds de placements
Les
gouvernements successifs ont pris des mesures féroces et
vachardes contre les
prolétaires
pour rendre « la Belgique plus compétitive sur les
marchés internationaux ».
Ils
ont distribué des cadeaux aux entreprises, tels que des
réductions des cotisations de sécurité sociale
et de l'impôt sur le revenu des sociétés.
Ils
ont imposé des mesures qui ont filé des torgnoles à
la répartition des richesses: sauts d'index, diminution des
marges salariales (en plus de l'indexation), augmentation des impôts
indirects (TVA,...), des droits d'accises et des prix des services et
des services publics, contournement du paiement du salaire garanti…
T'as
comme l'impression de te faire truander… !
Les
mesures de soutien Covid 19 ? Pactole pour les pleins aux as !
11,7
milliards d'euros sont revenus aux entreprises et aux indépendants.
Ceci
indépendamment des 52 milliards tirés des systèmes
de garanties (garanties bancaires) octroyés par les pouvoirs
fédéraux et régionaux.
3,4
milliards d'euros reviendront aux ménages en 2020. Sans tenir
compte du chômage temporaire, le soutien au pouvoir d'achat se
chiffre à un maigre 1,1 milliard d'euros.
Nous,
anarchistes, ne sommes pas
étonné·e·s
par le constat !
La
production capitaliste a pour but le profit. La bourgeoisie, classe
qui détient les moyens de production et exploitant le travail
salarié, ne songe qu'à ramasser du fric et à
extorquer la plus-value.
Nous
n'avons aucune confiance envers les gouvernements et l’État,
ces machines destinées à maintenir la domination d'une
classe sur une autre. La vocation principale de l’État
bourgeois est de réprimer les adversaires de classe afin de
consolider la domination économique et politique de la
minorité exploiteuse, de défendre la propriété
privée et le régime d'exploitation.
La
FA s'en tiendra à ses principes de base: « Nous devons
faire en sorte que les classes sociales exploitées accèdent
à la capacité politique nécessaire à leur
émancipation. Ce sont les classes exploitées qui
réaliseront la société anarchiste, car les
exploiteurs ne se laisseront jamais déposséder et
emploieront toutes leurs forces, même brutales, contre
l'émancipation des travailleurs ».
Belgique,
décembre 2020
Par solidarité avec nos compagnons et compagnonnes de France, mobilisées contre la Loi Sécurité Globale, le groupe Ici & Maintenant relaye le dernier communiqué des Relations extérieures de la Fédération Anarchiste. Ne nous y trompons pas. Ce qui se passe en France est aussi notre lutte, car des enjeux similaires se jouent sur le territoire de la Belgique. Nous aussi, nous affirmons : c’est tout le climat sécuritaire et policier qui se met en place qu’il faut abattre !
Lire la suite de Sécurité globale : au-delà de l'article 24
Adil, Mawda, Mehdi…
criminalisation de la contestation... c’est «eux»
et « nous ». Le prolétariat rebelle et les flics.
Les quartiers populaires et la dictature bourgeoise.
Les patrons
continuent à bénéficier des mesures de soutien
(plans de relance européen et plans régionaux), des
dérogations à la réglementation sociale mises en
place sous prétexte d’épidémie, tandis que
les licenciements se multiplient.
Pour se défendre
contre les capitalistes et leur État nous ne pouvons pas
compter sur l’État qui avec ses lois, ses juges et ses
policiers, est au service des riches, nos ennemis de classe.