Ici et maintenant

Groupe belge de la Fédération anarchiste

La planète en grand danger

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A Glasgow, la COP 26 s'avère riche de futures promesses non tenues, sur les problématiques environnementales, sur la nécessité de questionner l'impact de l'activité humaine sur les écosystèmes, sur les inquiétudes liées au dérèglement climatique. Pourtant - et là, on fait un crossover de malade ! -, il y a un sujet qui demeure en suspens alors qu'il y a quelques décennies encore, il mobilisait des centaines de milliers de personnes à Bruxelles (1983) : nous avons nommé l'arsenal nucléaire mondial... 11 novembre oblige (un crossover de malade, on vous dit !), il est urgent de rappeler les fondamentaux des luttes antimilitaristes et pacifistes, qui seront largement absentes des débats à Glasgow. Bien que tout semble nous inciter à un lénifiant oubli, jamais la menace n'a été aussi présente…

Récemment, nous avons eu l'opportunité de réaliser une interview de Jean Lemaître [à paraître dans Le Monde Libertaire n°1834, décembre 2021]. Auteur de La Commune des Lumières, une utopie libertaire (Portugal, 1918) il vient de publier Le vrai Christophe Colomb (contre-enquête) aux éditions Jourdan. Jean nous a autorisé à publier un texte qu'il a écrit récemment sur la menace que fait toujours peser sur l’avenir de la planète cet arsenal de mort détenu par de nombreux États.


Avions de guerre, armes de guerre nucléaire, ces graves menaces que les grandes puissances cachent à Glasgow (Cop 26)...

Les menaces de guerre nucléaire (une seule bombe atomique peut pulvériser 20 fois la planète, pour l'éternité) ne sont pas abordées par les grandes puissances au sommet de Glasgow. Or les risques sur ce plan croissent d'année en année. Exemple, rien qu'au Moyen et Proche orient, une pétaudière, le danger est extrême ! Pour le moment, Israël, L'Arabie Saoudite, l'Iran, la Jordanie, l’Égypte accroissent à une vitesse v², dans un climat de tensions toujours plus fortes entre pays rivaux, leurs capacités à énergie nucléaire à des fins directement militaires.... Une étincelle et boum !

Autres menaces et dommages réels, qui passent sous les radars de l'indignation : les exercices ou actions de guerre des avions militaires, chasseurs, bombardiers...A cet égard, le site Reporterre pointe les pollutions gigantesques de notre atmosphère notamment engendrées par les avions militaires. Et ce site d'épingler le fait que « le Département de la Défense des États-Unis, avec ses avions militaires, a émis en 2017 des émissions de CO2 supérieures à celles d’un pays tel que la Suède (10 millions d’habitants) ». Quant au secteur militaro-industriel britannique, celui-ci, selon le même site, « émet chaque année plus de gaz à effet de serre que soixante pays individuels, comme l’Ouganda (45 millions d’habitants). »

Vraiment inquiétant ce « black out » ! En 1983, quelque 300.000 manifestants, un record absolu de mobilisation citoyenne, défilaient à Bruxelles contre le danger du nucléaire militaire en Europe. Aujourd'hui, plus rien. Tabou. Silence radio. Pas un mot. Le monde est muet à ce propos. Même au sein des mouvements écologistes, ce sujet brûlant semble avoir été glissé sous le tapis des revendications !


Jean Lemaître



Contradiction entre Capital & Travail

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« L'aliénation se définit comme étant la perte de la liberté naturelle à laquelle tout être humain peut prétendre. Liberté de mouvement, de pensée, de décision et d'exécution, dont la dépossession réduit celui ou celle qui en est la victime au rang d'objet. C'est-à-dire au rang d'un animal de labeur ou d'une bête d'agrément. Mais ce jour-là a également commencé la lutte de l'esclave  - de l'aliéné - Pour reconquérir sa liberté et ce second phénomène a pris le nom de lutte de classes. »

Maurice Fayolle, Réflexions sur l'anarchisme, 1965


La situation économique des masses laborieuses s'est vachement détériorée avec les crises successives. La généralisation du chômage covid a amputé les salaires pour des millions de salarié.e.s. Sans oublier le blocage des salaires pour 2021/2022.

Les prix à la consommation flambent et tout particulièrement ceux de l'énergie et nous ne sommes qu'aux portes de l'hiver !

La gazette syndicale la Fédération Générale du Travail de Belgique (FGTB) vient de balancer quelques chiffres interpellants :

8,4% de prolétaires bossant en Belgique ne peuvent plus aujourd'hui se permettre d'allumer le chauffage

2.152.000 de personnes risquent de tomber dans la pauvreté ou l'exclusion sociale

29% des familles monoparentales avec enfants ne gagnent pas assez de flouze pour couvrir tous les besoins de la smala

La flambée des prix et la précarité croissante reposent avec force la question du pouvoir « d'achat », des salaires et du partage des richesses, en partant des intérêts des travailleuses et des travailleurs.

Car comme le souligne le mensuel « La Forge » d'octobre :

«  Qu'est-ce d'autre que le salaire dans la société capitaliste si ce n'est ce qui permet le renouvellement de la force de travail pour, jour après jour, perpétuer le processus de travail et donc la possibilité d'acquérir le nécessaire pour vivre et subvenir à ses besoins et ceux de sa famille. »

Que le Capital (avec le soutien de l'État) ait intérêt à bloquer ou baisser les salaires pour se faire un maximum de fric, ça paraît logique dans cette société capitaliste.

Ce qu'il y a d'intéressant, c'est qu'on a devant les mirettes les contradictions entre les intérêts des prolos (la majorité de la population) et cette dictature du profit. Ça remet la question des salaires au centre des revendications et de la contestation sociale. Un retour aux fondamentaux de la lutte des classes.

Nous espérons que l'accumulation des colères nous mettra dans l'obligation de lutter. De défendre nos intérêt contre ce système basé sur l'exploitation, la course au pèse et la concurrence exacerbée. De mettre enfin en pétard nos frangines et nos frangins !


Jennifer Assoudé

Groupe Ici & Maintenant (Belgique) de la Fédération anarchiste


Pas de crise en vue pour BlackRock

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BlackRock, la multinationale américaine spécialisée dans la spéculation et la gestion d'actifs, régit désormais l’équivalent du PIB (produit intérieur brut : valeur totale de la production de richesse à l'intérieur d'un territoire) additionné de la Grande-Bretagne, de la France et de l’Allemagne. Un dérisoire magot de 8680 milliards de dollars... ça jongle lourd ! Ce sont donc 1200 milliards de plus pour la pandémique année 2020. Juste pour situer l’truc : en 2019, le PIB de la Belgique était de 473,1 milliards d’euros... Et nous là-dedans ? L’austérité, un futur AIP (accord inter-professionnel) squelettique, des luttes bâillonnées et confinées, l’exploitation accrue des salarié.e.s, l’exacerbation de la concurrence, le renforcement de l’autoritarisme du capital et de l’État, la dégressivité du montant des allocations sociales,...

Avec la formation du capital financier, la richesse sociale se concentre de plus en plus entre les mains du petit groupe des monopolistes ultra-puissants. L’oligarchie financière règne sans partage sur l’économie des pays et se subordonne l’État bourgeois et lui dicte sa loi. Tout est lié. Et même si ça flanque la colique aux conformistes de tout crin, on termine par ce petit brodage de E. Armand: « Être anarchiste c’est nier l’autorité et rejeter son corollaire économique : l’exploitation. Et cela dans tous les domaines où s’exerce l’activité humaine. L’anarchiste veut vivre sans dieux ni maîtres ; sans patrons ni directeurs (...) »

Pas mieux, compagnon !

Banlieue rouge, Groupe Ici & Maintenant (Fédération anarchiste)





2020, une année pourrie, mais pas pour tout le monde

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Tu veux rire un peu ? Commençons avec du factuel, relevé dans la presse qui donne des nouvelles du monde financier (Les Échos – lesechos.fr) : « Alors que des pans entiers de l'économie mondiale sont menacés par les restrictions d'activité pour lutter contre la pandémie, les milliardaires sont toujours plus nombreux et les montants si élevés qu'ils deviennent difficiles à appréhender. » En moyenne, les milliardaires ont vu leur fortune bondir de 14 % cette année en Europe, de 25 % en Amérique du Nord et de près de 50 % en Asie.

Année de merde, 2020 ? On a vu les gogos se souhaiter la bonne année en faisant le bras d’honneur à l’année écoulée, et que 2021, ça sera mieux. En fait, ça ne sera pas mieux, peut-être pas pire, parce que rien ne change, en fait, si on considère l’histoire récente. Y a des industriels qui sont sortis richissimes de la seconde guerre mondiale, même en étant dans le camp des vaincus. Quand y a du mou dans la société, y a toujours des petits malins qui tirent les marrons du feu et qui en profitent. Et tu sais quoi, le truc marrant ? T’en fais pas partie ! Alors oui, ça fait un brin tartir de voir que des grosses fortunes gonflent encore un peu plus quand toi, eh bien toi, déjà avant tu galérais, mais ça va pas s’arranger. Ton patrimoine est pas composé d’actifs cotés, suppose un peu. Les Bourses mondiales sont euphoriques, mais les centres culturels demeurent fermés, les théâtres, les cafés, les restos. Cherche un peu l’erreur. Et toi, tu bosses. Ou tu pointes.

Nous on sait que t’as un peu de mal pour payer ton loyer, que t’as envie de chialer lorsque tu reçois l’invitation à payer l’assurance de ta bagnole. Que tu galères pour trouver un taf décent. Ou que t’as l’impression de te faire bolosser dès que tu découvres le montant de ta facture de gaz-élec... Et pourtant, pour la première fois dans l'histoire du monde, cinq personnes possèdent des fortunes personnelles d'au moins 100 milliards de dollars !

Rien ne change, on a dit. Les riches deviennent plus riches. La nouveauté, c’est qu’ils deviennent tellement riches qu’ils finissent eux-mêmes par trouver cela étrange (sur Twitter, l'entrepreneur Elon Musk a réagi à l'annonce de la nouvelle qu’il était l’homme le plus riche du monde par un commentaire laconique : « Tellement étrange »). Étrange, oui, que ça se passe, que ça se produise, quand toi et d’autres avez du mal avec les fins de mois et qu’on vous dit : « Vous z’avez qu’à... »

On n’a qu’à, oui… Et on va y penser sérieusement.

Nada for life - L’État, Viva for life et le cirque

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Nous avons trop de respect pour les gens du cirque. Aussi nous défendrons-nous de comparer les artistes qui se produisent sous les chapiteaux avec une poignée d’animateurs télé ou radio pathétiques et dérisoires, qui s’enferment dans un cube de verre, ou avec ces messieurs-dames qui, aux commandes de l’état, cautionnent voire collaborent avec complaisance à ce spectacle pitoyable.

Quand il s’agit de se donner en spectacle, au moins les gens du cirque y font-ils montre de leur dignité : celle d’hommes et de femmes qui accomplissent des prouesses et procurent du divertissement grâce à leur travail et à leur talent. Viva for life, rien de tel. Le charity show dans toute sa médiocrité. Et d’abord, ce show est un business. La collecte de fonds, certes, ne profite pas directement aux organisateurs de cette supercherie. Mais il ne faut pas perdre de vue que l’opération est avant tout promotionnelle. Faire de l’audience, grâce à l’attrape-gogos du bazar, et du pèze à la clé, grâce aux revenus réalisés sur la publicité des annonceurs.

Sur le fond du problème, que penser ? Sur base du constat de la misère, la solution consiste-t-elle à s’enfermer dans un studio de verre et de relever des défis, en n’ingurgitant aucun aliment solide pendant une semaine ? Et à profiter de la petite notoriété de quelques divas de l’audiovisuel, en faisant passer ces gavés pour des héros ?

Il est insupportable qu’un enfant sur quatre vive dans la pauvreté en Belgique, aujourd’hui. Qui peut nier cela ? Mais il nous apparaît, à nous anarchiste, encore plus insupportable de voiler les causes structurelles de la pauvreté. Ces causes sont connues : inégalités de la distribution des richesses, inégalités sociales qui se répercutent à l’école, au travail, dans l’accès à la santé et à la culture. L’exploitation, c’est la racine du mal. En fait, la collecte de fonds de l’opération promotionnelle Viva for life cautionne cette exploitation, en validant l’idée que les citoyens nantis peuvent augmenter leur autosatisfaction en donnant de l’argent qui servira de palliatif aux inégalités, et de dérivatif aux perdants et aux exclus du système.

Les bons sentiments ne peuvent pas se substituer à une réelle prise de conscience sociale et politique. S’attaquer aux causes de la pauvreté, rien d’autre ne nous paraît aussi urgent, à nous autres anarchistes.

Et l’État dans toute cette mascarade ? Il continue de jouer son rôle, à droite comme à gauche. Les premiers poursuivent de manière décomplexée leur travail de sape contre les acquis sociaux, qu’il faudrait appeler les conquis sociaux, tant ils sont le fruit des luttes prolétaires contre les détenteurs de l’outil et du capital. Conquis sociaux, toutefois, fait référence à la conquête. Or en matière de droit sociaux, il ne s'agit pas d'une conquête, d'une invasion, mais d'une reconquête partielle de ce qui est juste et qu'il faut préserver. Ce sont donc ces droits sociaux qu’il convient de sauvegarder. Quant à la gauche, elle se contente depuis longtemps de limiter les dégâts, en portant le front de la résistance sur des luttes sociétales, sans ambition de transformer une société inégalitaire en société sans classe. L’État se frotte les mains, dans les coulisses : un jour, pas si lointain, nous pourrons réduire les dépenses de l’État, puisque des amuseurs publics se chargent d’aller ponctionner le flouze directement dans la poche même des gens. Et l’impôt, les rentrées, pourront servir à l’entretien sans vergogne des inégalités et du capital.

On va peut-être s’entendre dire : et vous, les anarchistes, vous faites quoi, pour les gens ? Pour les anarchistes, la charité n'est pas la solution. La manière dont les anarchistes agissent dans cette société qu'ils et elles veulent changer est une autre chose. En tout cas, si nous nous enfermions dans un cube de verre, ce ne serait pas pour ramasser les miettes du capital et en faire don à la chiourme, histoire de nous faire passer pour des bienfaiteurs de l’humanité. Nous en profiterions pour appeler à une société sans classe, sans état, débarrassée de l’asservissement salariale. Nous exigerions, dans un premier temps, en tout cas, la revalorisation de la sécurité sociale, en attendant d’en faire, comme tous les secteurs de l’activité humaine, un organe autogéré. Parce que nous ne pensons pas qu’il faut faire quelque chose pour les gens, à la place des gens. Nous avons la conviction que c’est d’abord aux gens, c’est-à-dire aux prolétaires, travailleurs et travailleuses, avec ou sans emploi, de prendre l’initiative et de faire quelque chose pour eux-mêmes, pour elles-mêmes.

Nous n’allons pas qualifier l’opération Viva for life, et la collaboration tacite de l’État qui se frotte les pognes, de grand cirque médiatico-promotionnel, par respect pour les clowns, les trapézistes, les acrobates et les jongleurs qui exercent un vrai métier. On hésite sur le terme de mascarade, car toute allusion au port du masque provoque de plus en plus de réactions épidermiques... Nous aurons donc recours au seul terme qui puisse désigner cette supercherie : celui d’imposture.


Groupe Ici & Maintenant (Belgique) de la Fédération anarchiste
Décembre 2020


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